Mis à jour le 25 janvier 2022 • Écrit par Infocession

Témoignage cession d'entreprise :
Être au clair sur son projet pour réussir sa cession

Jérôme Robin

Fondateur de Vousfinancer
Jérôme Robin  - Vousfinancer
Secteur d'activité :
Services & Biens de consommation
Chiffre d'affaires à la cession :
30 M€
Année de l'opération :
2017

Jérôme Robin a inauguré Vousfinancer en 2008 à partir d’une société dénommée « Réponse financement ». Après des débuts difficiles suivis d’un fort développement, la référence des courtiers en crédit a été rachetée en 2017 par Assu2000. Il s’est confié à nous et nous a apporté ses conseils pour appréhender au mieux la cession d’entreprise.

Quelle fut la genèse de Vousfinancer ?

J’ai commencé en tant que courtier et j’ai rapidement ouvert 3 boutiques en moins d’un an. J’avais besoin de liquidités pour financer le développement, donc j’ai cherché à lever de l’argent, mais à l’époque c’était beaucoup moins facile. J’ai donc trouvé un pool d’entrepreneurs, qui m’ont permis de rencontrer le fondateur de Seloger.com. Ce sont mes associés expérimentés qui m’ont converti au modèle de la franchise, en même temps qu’ils me l’ont enseigné.

Comment avez-vous développé l’entreprise ?

Nous avons fait face à une première crise en 2008, et nous avons pu relever la tête en 2011, juste avant une deuxième. Nos démarrages ont été très compliqués. Quand on part de zéro sur la construction d’un réseau de franchise, cela coute cher car il y a d’importants frais de structure. Il faut donc dépasser une taille critique pour gagner de l’argent, ce qui a mis 7 ans. 

Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile, tout le monde me dit que c’est génial mais la réalité est qu’avant que cela soit génial, ça a été compliqué durant plusieurs années !

Aujourd’hui l’entreprise est rentable et c’est d’ailleurs pour ça qu’elle a été rachetée.

Les choses avaient été bien bâties, il faut savoir développer une entreprise et accepter de perdre de l’argent.

Qu’est-ce qui a motivé le rachat de Vousfinancer par Assu2000 ?

Ils nous avaient déjà approchés par le passé mais l’opération ne s’était pas conclue. J’étais à la fois vendeur et non-vendeur car je suis très attaché à la marque, c’est d’ailleurs pour ça que je suis toujours là. Quand on a bâti une entreprise de ses propres mains, c’est toujours difficile de s’en séparer. Cela peut devenir compliqué avec les actionnaires et le repreneur ce qui peut amener les dirigeants à s’en aller. Même si ce cas de figure ne survient pas, il est difficile de passer la main tant qu’on a encore des choses que l’on peut apporter à l’entreprise.

Étiez-vous d’accord sur l’orientation stratégique proposée par Assu2000 pour votre société ?

La chance que j’ai repose sur le fait que les repreneurs n’étaient pas de mon secteur mais d’un domaine cousin, celui de l’assurance. Sur leurs idées et certitudes, nous avons pu trouver des points d’échange ce qui m’a permis de me faire entendre. Bien sûr je n’ai pas été entendu dès le premier échange mais ils ont su rester à l’écoute et surtout garder une ouverture d’esprit par rapport à leurs propres idées, ce qui leur laissait la possibilité de changer d’avis.

Il est important dans une entreprise de ne pas avoir de dogmes car le marché bouge, et les spécificités individuelles des entreprises sont réelles.

Ce nouvel actionnaire a su se montrer juste dans l’échange, dans le regard et dans la mécanique post-opération.

Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment ?

J’ai raté une première cession en 2015. Pas à cause de problématique d’argent mais pour des problématiques de vision. Malheureusement, on ne me laissait pas suffisamment de liberté pour mener mon projet à bien.

Pour pouvoir faire une cession il faut savoir ce qu’on veut et savoir le défendre.

Entre le moment où j’ai refusé de céder et celui où le deal s’est fait, il s’est écoulé 2 ans et j’ai amélioré la valeur de mon entreprise de 60%. C’était le bon moment pour le faire, bien que cela m’ait couté d’attendre 2 années supplémentaires.

Avez-vous des anecdotes particulières sur cette période-ci ?

J’avais beaucoup de stress avant que l’opération ne se fasse. Finalement, j’ai eu un chemin de cession assez cadré car j’ai été très bien accompagné. Les délais entre la lettre d’intention et le deal ont à peine duré 3 mois, ce qui est court pour une cession mais parait long lorsque l’on est dedans. 

Une autre réalité est que lorsque l’on reste dans la structure, on travaille encore plus qu’avant. Je tenais à démontrer aux investisseurs qu’ils avaient fait une bonne affaire.

Quels conseils donneriez-vous a un dirigeant qui s’apprête à transmettre ?

Il faut être sûr de vendre et être bien entouré par des gens de confiance.

Certains de mes actionnaires sont devenus mes amis, comme Amal Amar. Il avait précédemment vendu Seloger.com donc il bénéficiait d’excellentes références dans la cession. Grâce à lui, j’avais obtenu « une autoroute » de ce qui pouvait se passer et comment réagir. J’étais donc préparé par un très bon mentor.

Que pensez-vous faire dans les années à venir ? 

Maintenant, je fais les choses car elles me plaisent, et parce que j’ai encore des choses à apporter à cette société. Il faut être conscient de ses capacités et de sa valeur ajoutée. Si cela devait changer, alors je prendrais une orientation nouvelle. 

Conseils clés

  • Attendre le bon moment pour transmettre

  • Être sûr de vouloir vendre

  • S'entourer de gens de confiance

  • Prédéfinir un projet précis et savoir le défendre